Les tuques
bleues : Le charivari de la liberté (tome 1), Montréal,
Éditions Fides,
2014.
En
1833, il fait bon vivre en Bas-Canada, colonie prospère d’Amérique.
Gilbert, instituteur à Montréal, et sa sœur Vitaline, qui vient de lier
son sort à celui d’un marin de Saint-Denis, aspirent à une existence
conviviale mais libre, inspirée par un idéal égalitaire où nul n’est
l’esclave d’autrui. Tout en se laissant entraîner sur un chemin risqué,
celui d’une ancienne passion, Vitaline déploie sa sensibilité d’artiste.
Sur le même terrain du cœur et des désirs charnels, Gilbert a du fil à
retorde avec la plaisante Caroline, qui vend ses charmes et défend
chèrement son indépendance.
Mais la
situation se dégrade dans une Province of Quebec faisant partie de
l’empire britannique. Au risque de se faire voler leur joie de vivre, le
frère et la sœur doivent lutter, à l’unisson de leurs concitoyens,
contre le despotisme et l’arbitraire. La tragédie de la Rue du Sang
reste impunie et la terreur militaire étend sournoisement son emprise.
La Chambre d’Assemblée du Bas-Canada dénonce opiniâtrement les
injustices, et les « tuques bleues », ainsi que sont surnommés les
patriotes aux principes démocrates, la soutiennent par un esprit
frondeur et une ferveur révolutionnaire qui ne se dément pas.
Tenant à
assurer son pouvoir même par la force brute, une coterie de profiteurs
enclenche une impitoyable mécanique de répression. Les provocations
s’enchaînent : calomnies et menteries, bullies salariés qui cognent et
représentants de l’ordre qui mettent la main au collet d’innocents… Les
tuques bleues résistent grâce à leur franc-parler, à la noblesse de
leurs principes et aux rouages de la démocratie parlementaire. En 1837,
les tyrans commettent l’irréparable. Sous le couvert d’une rébellion,
c’est une guerre de reconquête qui fait rage…
Éditions Fides
Les sources documentaires
Les tuques
bleues : Le charivari de la liberté (tome 1) L’absence d’une recherche événementielle intégrale et complète,
conduisant à une chronologie trop bien documentée pour être remise en
doute, est le plus formidable écueil sur lequel je me suis butée au
moment de raffiner ma recherche sur les années précédant immédiatement
1837. Déjà, une ligne de temps solide et détaillée m’avait manqué pour
les deux tomes du Pays insoumis, le premier cycle des aventures de
Gilbert et Vitaline, mais je l’espérais pour les événements entourant un
épisode aussi crucial que les Rébellions, qui ont fait couler un flot
d’encre.
Or, le récit
historique est partiel et suranné, encombré de biais et encore pis,
honteusement et volontairement censuré par les historiens d’autrefois. À
ma grande surprise, nul n’avait constitué un récit historique exhaustif
et impartial pour mettre en lumière la vie de nos ancêtres sur une base
concrète, et qui rende justice à la diversité, à la complexité et
surtout à la modernité de ce parcours; qui rende justice, également, à
la recherche historique du dernier demi-siècle. Bien des théories ont
été émises sur le pourquoi et le comment des Rébellions, mais le terreau
de base fait cruellement défaut.
J’ai donc
fait enquête dans l’histoire pour tracer le portrait le plus fidèle
possible du peuple canadien d’antan et de son périple vers la prise
d’armes de novembre 1837. J’ai voulu prendre contact avec les acteurs et
actrices des événements pour faire résonner leurs voix dans leur
amplitude et leur diversité. J’ai plongé dans la documentation
disponible tout en m’imposant une nécessaire distanciation afin
d’acquérir une vue d’ensemble et déceler ainsi les lignes de force.
Quelques pans
obscurs du passé méritaient, en particulier, une solide investigation.
Si les faits et gestes des patriotes sont relativement bien connus, ceux
de leurs « ennemis » le sont beaucoup moins. Je n’ai pas mis longtemps à
piaffer d’impatience devant la pauvreté des sources à leur égard. Qui
étaient ces favoris du pouvoir? Pour s’opposer à la volonté de la
majorité en Chambre d’Assemblée et les électeurs qui la soutenaient,
avaient-ils réellement commis un chapelet de méfaits et même de crimes,
comme l’actualité de l’époque le laissait entrevoir?
Je me suis
donc mise en quête des ultra-tories de la province, de ceux qui n’ont
pas hésité à brandir leur fusil et à se travestir en volunteers à la
solde de l’armée pour imposer leur loi. Leur présence était palpable
dans moult documents d’époque consultés. Quelques historiens se sont
avancés sur ce chemin peu fréquentés, et en tout premier lieu François
Deschamps, avec Le radicalisme tory à travers le prisme du Montreal
Herald et la mobilisation des milices dans les district de Montréal
(1834-1837), thèse de doctorat, UQAM, 2012
Il me faut
aussi mentionner Steven Watt : Authoritarianism, Constitutionalism and
the Special Council of Lower Canada, 1838-1841, thèse de doctorat,
université McGill University, 1997; Gilles Laporte : Patriotes et
loyaux; les recherches d’Elinor Kyte Senior, malgré biais et carences
(Les habits rouges et les patriotes; British Regulars in Montreal, An
Imperial Garrison, 1832-1854; l’article «The Provincial Cavalry in Lower
Canada, 1837-50 », Canadian Historical Review, 67, 1, mars 1976); et
enfin, les sites web www.1837.qc.ca (Les patriotes de 1837@1838) et
www.jonathanlemire.com (Histoire de 1837-1838).
Pour
comprendre la vraie nature de la guerre entre les députés en Chambre
d’Assemblée et le pouvoir exécutif, dans la colonie comme dans la mère
patrie, je me suis fiée aux gazettes et à maints documents d’époque :
échanges épistolaires, documents de la Chambre d’Assemblée, livre et
pamphlets signés par des contemporains. J’ai également puisé dans les
papiers d’État tels que colligés par les archivistes de Bibliothèque et
Archives Canada (Rapport des Archives du Canada pour les années 1900,
1929, 1930 et 1931, 1935 à 1937, 1941); dans ceux imprimés sur ordre de
la Chambre des Communes de Londres (British Parliamentary Papers, vol. 7
à 12, Irish University Press); et dans quelques ouvrages d’historiens
tel la thèse de Philip Goldring, Lord Howick and Lower Canada,
1830-1838; le livre de G. C. Moore Smith, The life of John Colborne,
Field-Marshal Lord Seaton ...; et dans Robert Christie, A history of the
Late Province ofLower Canada…, volumes 3 à 5.
Plusieurs
biographies fouillées m’ont été particulièrement utiles. Les voici:
Béatrice Chassé : Le notaire Girouard, patriote et rebelle, thése de
doctorat, Université Laval, 1974; Kathryn M. Bindon : Journalist and
judge : Adam Thom’s British North American Career, 1833-1854, mémoire de
maîtrise, Queen’s University, 1972; Robert Charles Daley : Edmund Bailey
O’Callaghan, Irish Patriote, thèse de doctorat, Université Concordia,
1986.
S’il n’existe
encore aucune étude exhaustive et définitive sur les charivaris en
Bas-Canada, l’historien René Hardy s’intéresse de près au phénomène. Il
a signé « Le charivari dans la sociabilité rurale québécoise du 19e
siècle », in Roger Levasseur : De la sociabilité : spécificité et
mutations; « Le charivari : divulguer et sanctionner la vie privée? » in
Manon Brunet et Serge Gagnon : Discours et pratiques de l’intime; « Le
charivari dans l’espace québécois », in Serge Courville et Normand
Séguin : Espace et culture.
Parmi les
plus importants témoignages d’époque figurent les journaux personnels
d’Olivier Robitaille et de Romuald Trudeau (Mes Tablettes), à la BANQ,
ainsi que le témoignage de Jean-Marie Mondelet pendant la Grande Enquête
de la Chambre d’Assemblée, 1832 à 1834, sur la Rue du Sang (Appendice du
XLIIe volume des Journaux de la Chambre d’Assemblée de la province du
Bas-Canada et Appendice du XLIIIe volume des Journaux de la Chambre
d’Assemblée de la province du Bas-Canada. Témoignages et documents ont
été réunis dans Enquête devant la Chambre d’Assemblée du Bas-Canada sur
les événements du 21 mai 1832, à Montréal.)
Enfin, mes
plus importantes sources pour comprendre la dynamique sociale des
charivaris ont été Bryan D. Palmer : « Discordant Music : Charivaris and
Whitecapping in Nineteenth-Century North America », Labour/Le
travailleur, 3, 1978; E. Z. Massicotte : « Le Charivari au Canada » et
« Un charivari à Québec », BRH, 32, déc. 1926, et 44, août 1938; Rolande
Bonnain-Moerdyk et Donald Moerdyk : « À propos du charivari : discours
bourgeois et coutumes populaires », Annales ESC, mars-avril 1977, 32, 2;
Allan Greer : Habitants et patriotes : la rébellion de 1837 dans les
campagnes du Bas-Canada; Yves-Marie Bercé : Fête et révolte : des
mentalités populaire du 16e au 18e siècle; Eugen Weber : La fin des
terroirs; Nathalie Zemon Davies : Society and culture in Modern France.
L’attentat
sur Salomon Barbeau est décrit dans les gazettes de l’époque, mais
également dans Rapport du comité spécial, auquel ont été renvoyés les
documents relatifs à l'enquête qui a eu lieu devant le coronaire de
Montréal, sur le corps de Solomon Barbeau…, Appendice Y, Appendice du
XLIIIe volume des Journaux de la Chambre d’Assemblée de la province du
Bas-Canada, session 1834. Concernant Valentin Jautard, je me suis servie
de Jean-Paul de Lagrave et Jacques G. Ruelland : Valentin Jautard,
1736-1787, Premier journaliste de langue française au Canada; Jean-Paul
de Lagrave : Les journalistes démocrates au Bas-Canada (1791-1840).
J’ai
documenté les élections générales de 1834, l’un des secrets les mieux
gardés de l’histoire du Bas-Canada, principalement grâce aux gazettes
d’alors; mais également grâce à Relation historique des événements de
l’élection du comté du Lac des Deux-Montagnes… attribuée à Jean-Joseph
Girouard; L’Adresse de Louis-Joseph Papineau à ses électeurs du 4
décembre 1834; The Daily Advertiser : What is the Result of the
Elections? Fully Answered; procès-verbaux de réunions du conseil de
ville, Archives de la Ville de Montréal; Marc Bolduc : Les élections
générales de 1834 (Bas-Canada) et les élections générales de 1841
(ancien Bas-Canada), mémoire de maîtrise, UQAM, 1997.
L’attentat
sur Louis Marcoux et le procès de ses assaillants prennent une large
place dans les gazettes de l’époque; une brochure lui a été consacrée
sous le titre The Trial of Isaac Jones and James Jones, for the alleged
murder of Louis Marcoux at the bar of the Court of King’s Bench for the
district of Montreal…, reported by Thomas Handcock.
L’élaboration
d’un descriptif exhaustif pour l’année 1837, et particulièrement pour
les mois de septembre à décembre, a accaparé une bonne part de mes
énergies de recherchiste. Il me paraissait impératif de dissiper le flou
dans la trame événementielle et d’y insérer les faits et gestes, afin de
conférer à ces derniers leur véritable portée. Là encore, les gazettes
ont été une mine de renseignements, à laquelle j’ai ajouté les source
suivantes :
A) documents d’époque édités :
1) Georges Aubin et Nicole Martin-Verenka: Insurrection I, Examens
volontaires 1837-1838; Insurrection II, Examens volontaires 1838-1839.
2) Georges Aubin : Au Pied-du-Courant, Lettres des prisonniers
politiques de 1837-1839; Amédée Papineau : Journal d’un Fils de la
Liberté, 1838-1855.
3) Georges Aubin et Renée Blanchet : correspondances de Louis-Joseph
Papineau, Julie Papineau, Amédée Papineau, Wolfred Nelson, Siméon
Marchesseault, Jean-Philippe Boucher-Belleville, Louis Perrault, André
Ouimet.
B) documents d’époque colligés mais non édités :
1) Georges Aubin : correspondances de Jacques-Guillaume Baudriau,
Théophile Bruneau, Philippe Gareau et Denis-Émery Papineau.
2) Georges Aubin et Jonathan Lemire : correspondance reçue par Ludger
Duvernay en exil, 1837-1842.
C) fonds d’archives :
1) BANQ-Q, E17 (Fonds Ministère de la Justice), S37 (Événements de
1837-1838, 5 janvier 1837-14 octobre 1840) et l’index publié dans le
Rapport des Archives du Québec 1925-1926
2) BANQ-Q, R2 (fonds gouverneurs, régime anglais), S2 (correspondance),
P293
3) BANQ-Mtl, P224, Collection rébellion de 1837-1838, 18 août 1837-15
décembre 1877
4) BAC MG24B31 : Fonds Henry Samuel Chapman
5) BAC MG24B128 : Fonds du Comité de correspondance de Québec
6) BAC MG24B6 : Fonds Denis-Benjamin Viger
7) BAC MG24B28 : Fonds Joseph-René Kimber
8) BAC MG24B27 : Fonds Charles-Elzéar Mondelet
9) Archives du musée McCord : P195/A103, fonds de la famille Badgley,
chemises 9 et 10 (circulaires, pétitions et correspondance relatifs à la
Montreal Constitutionnal Association; correspondance familiale)
10) Archives du musée McCord : C019, Collection de Rocheblave,
Bouthillier, Routh
D) autres témoignages de contemporains :
1) Romuald Trudeau, Mes Tablettes, BANQ.
2) Some personal recollections… de Sydney Bellingham, ainsi que les
notes originales colligées par les archivistes de Bibliothèque et
Archives Canada (MG24B25, Fonds Bellingham, vol. 2)
3) Henry Samuel Chapman, An Impartial and Authentic Account of the Civil
War in the Canadas
4) Ce qui a été publié dans les journaux La Minerve et L’Avenir
(1848-1850) ainsi que les ouvrages Résumé impartial de la discussion
Papineau-Nelson sur les événements de Saint-Denis en 1837 et Papineau et
Nelson : Blanc et Noir…
5) Procès politique: la Reine vs Jalbert, accusé du meurtre du
lieutenant Weir….
E) Les recherces d’historiens :
J.-B. Allaire, Histoire de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu,
1905.
Charles Bellemare, Saint-Charles 1837 et la survie d’un peuple menacé,
2005.
Jean-Paul Bernard, Assemblées publiques, résolutions et déclarations de
1837-1838, 1988, ainsi que ses autres ouvrages bien connus.
Pierre-Bernard Cadieux, Le Saint-Athanase démographique et économique et
le Saint-Athanase politique au temps des rébellions, mémoire de
maîtrise, UQAM, 1996.
Collectif, Saint-Charles-sur-Richelieu 1695-1995, 1995.
Collectif, Saint-Denis-sur-Richelieu 1740-1990, 1989.
Bruno Cyr, La radicalisation et la militarisation des Loyaux et des
Patriotes à Montréal en 1837, mémoire de maîtrise, UQAM, 2005.
Réal Fortin, La guerre des patriotes le long du Richelieu, 1988.
Martin Lanthier, La violence selon la presse patriote et loyale à la
veille de la rébellion de 1837, mémoire de maîtrise, UQAM, 1997.
Pierre Meunier, L’insurrection de 1837 à Saint-Charles et le seigneur
Debartzch, 1986.
J.-B. Richard, Les événements de 1837 à Saint-Denis-sur-Richelieu,
Société d’histoire régionale de Saint-Hyacinthe, 1938.
J.-B. Richard, Histoire de la paroisse de Saint-Denis-sur-Richelieu,
1906.
Robert-Lionel Séguin, La victoire de Saint-Denis, 1964.
Il me reste à souligner la collaboration précieuse de Georges Aubin, qui
a généreusement partagé avec moi ses outils de recherche et ses
recherches non publiées; de Béatrice Chassé, pour le don de son matériel
de recherche sur Jean-Joseph Girouard; et de François Deschamps, pour
ses conseils, ses éclaircissements et le partage de sa documentation. |
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